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République démocratique du Congo : Faire face au trouble de stress post-traumatique 

Je suis d’origine congolaise et une grande partie de ma famille y vit. Les récits de mon enfance sont marqués par la voix inquiète de ma mère, racontant la situation instable de l’est du pays. Ce lien personnel m’a poussée à m’intéresser de près à la réalité que vivent encore aujourd’hui des millions de Congolais. Aujourd’hui, je ressens le besoin de témoigner, pour faire entendre cette réalité encore trop ignorée. 

Tous les jours, des femmes, des hommes et des enfants subissent des violences sexuelles, sont massacrés, contraints à l’exil, et vivent des deuils successifs. Je me dis chaque jour que j’aurais pu être à leur place. Je veux donc mettre en lumière leur réalité, car c’est le seul moyen que j’ai de leur venir en aide. 

Face à cette situation de guerre, de nombreux congolais développent des troubles de stress post-traumatique (TSPT). Un trouble de stress post-traumatique est une blessure psychologique profonde qui survient après une ou plusieurs expériences traumatisantes. Ce trouble peut également toucher les témoins, même s’ils n’ont pas été physiquement blessés. 

En cette Journée de sensibilisation aux troubles post-traumatiques, je ne peux qu’avoir une pensée pour eux. D’après les statistiques du Centre neuro-psychopathologique (CNPP), environ 20 millions de personnes souffrent de troubles mentaux en RDC. Ce qui me rend triste, c’est que la plupart n’ont aucune idée qu’ils sont atteints par ce trouble, en raison d’une grande méconnaissance de la santé mentale là-bas. Ils ne savent pas mettre de mots sur ce qu’ils vivent, mais ils en montrent tous les symptômes : 

Visuallys / Équipe Visuallys IA Hiver-Printemps 2023 avec Midjourney

Ayant moi-même un petit garçon de 9 mois, savoir que des enfants grandissent dans ce climat de peur constant, sans connaître autre chose, me rend extrêmement triste. Les troubles de stress post-traumatique chez les enfants sont tout aussi graves, voire plus, car ils affectent leur développement, leur comportement, et leur capacité à faire confiance au monde. 

Heureusement, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour aider les populations sur place. Cela me redonne espoir qu’un jour, ces Congolais qui ont vécu l’horreur pourront guérir et se reconstruire. Par exemple, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en place des maisons d’écoute pour adultes et enfants. Les consultations y sont gratuites et anonymes. 

Le Centre hospitalier neuropsychiatrique de Goma (CHNP) offre aussi des soins gratuits aux personnes atteintes de troubles mentaux. De plus, des sessions de formation sont organisées pour des centaines de relais communautaires afin de leur apprendre à reconnaître les symptômes du TSPT et à orienter les personnes concernées vers des ressources adéquates. 

Je suis très heureuse de faire partie d’une génération qui refuse de faire taire ce conflit. La diaspora en parle sur les réseaux sociaux. Des marches citoyennes ont eu lieu en 2024 et 2025 pour alerter sur la situation à l’est de la RDC. Des concerts caritatifs sont mis en place pour récolter de l’argent et faire voir ce conflit afin de soutenir les victimes. J’ose à espérer que toutes initiatives aident ses congolais. Partout dans le monde, de Bruxelles à Montréal, les diasporas congolaises et leurs alliés marchent pour la paix, la justice, et la reconnaissance des traumatismes subis.  

Ici, au Québec, les troubles de stress post-traumatique sont de plus en plus reconnus comme une priorité de santé publique. Le Centre d’expertise sur le trauma offre des ressources, formations et pratiques innovantes pour mieux accompagner les personnes survivantes de traumas complexes. Ces initiatives québécoises me donnent espoir et je rêve que mon pays d’origine suive cette voie. 

Et, qui sait, qu’un jour, mon fils puisse lire ces lignes et parler de cette guerre au passé, dans un monde où le rétablissement est possible, même après l’horreur. 

Caroline Mftua, responsable aux formations

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