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Quand les mots anodins cachent la discrimination

Texte écrit pour la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie du 17 mai 2024.

Je suis responsable d’un important projet.
Je dois veiller à ce qu’il atteigne les objectifs fixés par mon équipe. 

Quelques mois plus tard, les résultats y sont : notre proposition porte fruit, c’est un franc succès pour notre team. Ensemble, nous prévoyons l’organisation d’une grande soirée de célébration. Plusieurs personnes issues de différentes organisations y participeront. Nous envisageons déjà de prometteuses collaborations.

Lors d’une réunion préparatoire, mon patron aborde la nécessité d’un discours lors de la soirée.

« Qui se sent à l’aise de prendre la parole lors de l’événement ? », lance-t-il. 

Tous les regards convergent vers moi.
Tout le monde est convaincu que je suis la personne désignée pour prononcer le discours.
Mon patron se tourne lentement vers moi avec un sourire. 

« Eh bien, si c’est elle qui doit prendre la parole, elle devra au moins s’habiller en vraie femme pour une fois ! », lança-t-il en riant.

Mal à l’aise et arborant un sourire crispé, mes collègues gardent le silence.
Personne ne me regarde dans les yeux.

La réunion se poursuit. 

Crédits : Myriam Constantin

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En chemin pour rencontrer les parents de mon amoureuse, je suis fébrile, nerveux, mais surtout très heureuse de franchir cette étape qui confirme l’importance de notre relation à ses yeux. Nous nous dirigeons lentement vers une grande maison beige à la porte brunâtre.

Mon agitation est palpable.
Juste avant de tourner la poignée, ses beaux yeux bleus captent mon agitation. 

« Je suis là mon amour. Je t’aime », murmure-t-elle. 

Un sourire naïf se dessine lentement sur mon visage. Nous entrons.

Ses parents sont assis en face de moi.  La conversation tourne dans tous les sens. Il n’y a de place pour les silences. La mère de ma copine se lève pour surveiller la nourriture au four. Ma copine bondit de son siège aussitôt pour lui proposer son aide.

L’ambiance autour de la table change soudainement.

Le père me regarde alors, un peu gêné, comme s’il se retrouvait tout à coup face à une personne étrangère

Il prend une gorgée d’eau et me dit : « Euh, je suis vraiment content de te rencontrer, Mélanie ! » 

Soulagé, je lui adresse un large sourire, prête à lui répondre, mais il enchaîne : « Mais je suis sûr que ça ne durera pas, cette histoire-là. Ma fille va le trouver, son prince charmant, un jour, j’en suis convaincu ! »

La tête baissée, les yeux rivés au sol, je reste silencieuse.

Mon amoureuse revient avec sa mère, les mains chargées d’assiettes remplies de grillades.

Elles se réinstallent à table. 

Le souper continue.

Crédits : Léane Klinkow

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Animé par l’élan du printemps, je me résous à engager une aide ménagère afin de créer un vent de fraîcheur dans mon appartement. Naviguant à travers diverses annonces en ligne, je m’arrête sur l’une d’elles. Elle semble concorder avec mes critères et moyens financiers. Après avoir rempli les informations standards dans le formulaire, je suis confronté à une question :

*Genre :

□ Monsieur

□ Madame

Ne sachant quoi répondre, je décide de la laisser en suspens, persuadé que cette distinction n’a aucune pertinence pour le service sollicité. Poursuivant sur la page suivante pour soumettre mon formulaire, je suis arrêté par un message d’erreur :

Le formulaire n’a pas pu être envoyé.
Veuillez remplir toutes les cases obligatoires avant de passer à la page suivante.

Sans même réfléchir, je coche la première case et je réussis à envoyer mon formulaire.

Quelques heures plus tard, mon téléphone retentit.

« Bonjour, puis-je parler à Monsieur Paquin, s’il-vous-plaît ? », demande une voix à l’autre bout du fil.

Je lui réponds : « C’est bien moi ».

. « Oh, je suis sincèrement désolée, Madame. J’étais convaincue d’avoir lu Monsieur sur votre formulaire. »

« Vous avez bien lu », lui dis-je, aussi calmement que possible.

« Parfait, Madame. Je vais donc vous poser quelques questions plus spécifiques en lien avec vos besoins… »

Et ainsi débute une longue conversation parsemée ici et là du titre Madame, qui n’a jamais été sollicité de ma part.

Mon appartement restera sale. 

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Les situations de discrimination envers les personnes 2SLGBTQIA+ peuvent prendre de nombreuses formes et se produire dans différents contextes. Que ces actes soient intentionnels ou non, ils ont un impact important sur les personnes visées. Le manque d’accessibilité aux services, les agressions verbales et physiques dans l’espace public, la discrimination en milieu professionnel et le rejet familial ne sont que quelques exemples de facteurs de risques auxquels une personne issue des communautés 2SLGBTQIA+ peut être confrontée au quotidien.

Ces violences ont des impacts concrets sur la santé mentale de ces communautés. Statistique Canada rapporte une forte prévalence de la dépression, de l’anxiété et du trouble de stress post-traumatique chez les personnes 2SLGBTQIA+ dont 45 % présentent des symptômes de dépression.

Il est plus qu’essentiel que chaque individu prenne la responsabilité de transmettre une énergie accueillante et bienveillante pour une société plus inclusive. Il est de notre devoir de s’informer et de poser des questions pour mieux comprendre les réalités des personnes 2SLGBTQIA+ pour ainsi contribuer à instaurer un climat de compassion et de gentillesse.

Pour de l’aide, des renseignements ou du soutien contactez les ressources suivantes :

Article par Mélody Dorval (Tous les pronoms, tous les accords), Responsable aux communications pour l’ACSM Filiale de Montréal

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