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Et si, à l’école, on apprenait aussi l’empathie, la ténacité et l’estime de soi?
15 mai 2019
L’Association canadienne pour la santé mentale préconise la création d’une stratégie de promotion de la santé mentale pour prévenir la maladie mentale.
L’ACSM prône la mise en place d’une stratégie nationale de promotion de la santé mentale pour renforcer la santé mentale de la population canadienne, à l’heure où les taux de maladie mentale sont en hausse partout dans le monde.
Cet enjeu est l’une des six recommandations formulées dans son dernier document national d’orientation : Cohésion, collaboration, collectivité : faire progresser la promotion de la santé mentale au Canada.
« Au Canada, la plupart des démarches en faveur de la santé mentale consistent à traiter les dépendances et les maladies, et non à faire la promotion de saines habitudes. Et même les services de traitement n’arrivent pas à répondre à des besoins de plus en plus pressants, déclare Dr Patrick Smith, chef de la direction national de l’ACSM. Tout porte à croire que ce n’est pas par le traitement que nous sortirons de cette crise, mais plutôt par ce qui se passe en amont. »
Il a été démontré que les initiatives de promotion de la santé mentale permettaient d’améliorer la santé mentale des populations et de réduire les dépenses publiques et privées engagées pour les soins et les traitements en la matière. Pour le moment, les actions sont disparates et manquent de financement et de coordination pour générer des retombées à grande échelle ou à long terme.
« On sait tous qu’il faut se brosser les dents régulièrement pour éviter d’avoir des caries, tout comme il faut apprendre aux enfants à respecter des règles de sécurité pour ne pas mettre le feu chez soi. Mais on ne comprend toujours pas que c’est la même chose pour la santé mentale, ajoute Dr Smith. Ce n’est pas quand la maison brûle qu’il faut apprendre aux enfants à ne pas jouer avec des allumettes. »
Puisque 70 % des problèmes de santé mentale apparaissent au cours de l’enfance et de l’adolescence, et que la promotion de la santé mentale qui commence tôt gagne en efficacité, l’école est donc un milieu propice à ce travail de promotion. Les approches en milieux scolaires, comme les programmes d’apprentissage socio–émotionnel, peuvent aider les élèves à contrôler leurs impulsions, à se maîtriser, à gérer leur colère et leur stress, à reconnaître leurs émotions et à s’entendre avec les autres.
Au sein de la population active, qui représente 60 % des individus âgés de 16 ans et plus, tout semble indiquer que les programmes de promotion de la santé mentale au travail réduisent l’absentéisme et le présentéisme, améliorent la productivité et font baisser les frais de santé.
« Quand on démystifie la santé mentale, on comprend que c’est quelque chose que nous avons tous. Le système de santé mentale de demain, ce n’est pas que dans les cliniques et les hôpitaux que ça se passe : c’est aussi au travail et à l’école, au service des populations et non plus des patients au cas par cas », explique Dr Smith.
Pour porter ses fruits, la stratégie nationale de promotion de la santé mentale doit être bien coordonnée, bien financée et maintenue à long terme. Elle doit prévoir :
- La prise en compte des effets sur la santé mentale des politiques et des programmes de tous les pouvoirs publics;
- L’augmentation de 7,2 % à 9 % de la part du budget de santé consacrée à la santé mentale;
- La reproduction et la mise à l’échelle des programmes de lutte contre les inégalités;
- Les disparités sociales à l’origine des problèmes de santé mentale;
- Et le financement de campagnes de marketing social.
En mettant davantage l’accent sur la promotion de la santé mentale et les efforts de prévention, nous pourrons mieux servir la population canadienne, y compris les individus qui vivent avec une maladie mentale, car cela allégera la pression exercée sur le système de soins de courte durée. Les longs délais d’attente et les obstacles à l’accès sont dus au fait que, par exemple, les personnes souffrant d’anxiété légère à modérée attendent de voir un psychiatre pour obtenir de l’aide, alors qu’elles pourraient être mieux servies par des services communautaires offerts par d’autres professionnels de la santé.
« On voit bien chez qui les besoins seront de plus en plus pressants : la population vieillissante, les jeunes qui grandissent dans un monde numérique et déconnecté, et les personnes touchées par la précarisation de l’emploi. On sait que la promotion de la santé mentale peut répondre à ces besoins, et pourtant, on continue de financer des lits d’hôpitaux au détriment des programmes de lutte contre l’intimidation à l’école. Or, le système de santé mentale de demain aura besoin des deux », conclut Dr Smith.
Pour télécharger le rapport complet (62 pages) Cohésion, collaboration, collectivité : faire progresser la promotion de la santé mentale au Canada: