Entretenir une relation saine avec le numérique

3 mai 2023

Au mois d’octobre dernier, j’ai fait une pause des réseaux sociaux.

J’avais besoin de me recentrer sur moi, sur mes valeurs et mes priorités. On dit souvent que se déconnecter des réseaux permet de mieux se connecter à soi. J’allais enfin trouver le temps de faire plein d’activités et lire les livres qui m’attendaient sur ma table de chevet.

Mais ce n’est pas le temps libre que j’ai gagné qui m’a le plus marquée.

J’ai réalisé que ce ne sont pas les réseaux sociaux le problème, mais la relation malsaine que j’entretiens avec ceux-ci : les nombreuses heures passées à « scroller » sans but, les personnalités publiques dont je m’entête à épier le quotidien…

Et pourtant, il y a aussi du beau en ligne. Je me suis ennuyée des pages Instagram que je consulte au quotidien pour m’informer sur la littérature et les enjeux sociaux qui me tiennent à cœur. On pense souvent qu’entretenir une relation saine avec la technologie est uniquement possible si on se limite, si on y passe le moins de temps possible, ou encore, si on se déconnecte complètement. Pourtant, notre quotidien se passe de plus en plus en ligne, que ce soit au travail, dans nos loisirs ou dans nos rapports sociaux.

Je me demande donc si la déconnexion est vraiment la solution à une meilleure santé mentale ? N’est-il pas possible, plutôt, d’avoir une utilisation saine et responsable des outils numériques ? Peut-on être très connecté tout en préservant une bonne santé mentale ?

La littératie numérique pour une relation saine avec la technologie

OUI. Selon de nombreuses études, il serait même nécessaire de développer notre connaissance des médias, de ses codes et de ses langages afin d’en faire une utilisation plus informée et critique. Ce concept se nomme la littératie numérique.

Il s’agit de la capacité d’un individu à comprendre et utiliser les technologies numériques telles que les réseaux sociaux, les services gouvernementaux en ligne et les appareils qui en permettent l’accès[i]. L’objectif principal est de donner à la population les moyens « d’accéder aux structures culturelles, économiques et politiques d’une société[ii] » afin d’exercer un regard critique sur les médias qu’ils consomment et utilisent.

La connaissance du numérique constitue un ensemble de compétences de vie non négligeables pour une santé mentale optimale telles que la déconstruction des stéréotypes, la vérification de l’information et la création de contenu éthique et responsable. Autrement dit, une bonne maîtrise des différentes facettes du numérique est maintenant essentielle à la santé mentale et à l’adaptation de nos compétences socio-émotionnelles au monde technologique dans lequel nous vivons.[iii]

Choisir l’information que l’on consulte  

J’ai voulu prendre une pause des réseaux sociaux parce que certains contenus me faisaient plus de mal que de bien. Plusieurs études démontrent que les réseaux sociaux et les images stéréotypées qui y circulent peuvent affecter la perception de soi et l’image corporelle[iv]. Apprendre à identifier les effets des réseaux sociaux sur nos émotions et nos perceptions est une façon de contrer leurs impacts négatifs. Cela permet de faire des choix éclairés face au contenu que nous consommons en ligne et de mettre en place des stratégies afin de développer des habitudes numériques saines. Par exemple, on peut faire le choix de se désabonner des comptes et des personnes qui ne nous procurent plus de bonheur.

Créer des espaces sains pour soi et les autres

Cela dit, les réseaux sociaux demeurent des lieux importants de communauté et de solidarité. J’ai réalisé, à travers ce temps passé loin de mon téléphone intelligent, que j’avais bâti des connexions précieuses en ligne. La grande différence entre les technologies numériques et celles du passé est justement la dimension sociale et connectée de nos interactions en ligne. Il est donc nécessaire de se questionner sur nos pratiques : est-ce que mon usage des technologies est aligné avec mes valeurs ?  Est-ce que j’aimerais passer plus de temps hors ligne ou est-ce que je suis satisfaite ? Est-ce que le contenu que je partage est pertinent pour les autres ? Ce moment de pause m’a permis de faire une mise à jour avec moi-même et observer comment mon utilisation des réseaux sociaux concorde avec mes objectifs de vie.

Mon constat est le suivant : bien que la littératie numérique soit une compétence indispensable à toute la population, elle doit être enseignée dès le plus jeune âge afin de promouvoir des usages sains et prévenir les dégâts potentiels[v].

Un article par Fanny Gravel-Patry, conseillère en promotion de la santé mentale

Pour en savoir plus ! 

Visionnez notre webinaire Popup « Bien-être numérique chez les jeunes : comment trouver l’équilibre ? », présenté en collaboration avec l’organisme Le CIEL (Centre d’intelligence émotionnelle en ligne), qui offre des ateliers d’auto-défense numérique[vi]. Lors de ce panel, nous avons reçu Antonin Lelièvre, doctorant en psychologie et chargé de projet, Charles-Antoine Barbeau-Meunier, résident en psychiatrie, et Emmanuelle Parent, directrice générale du CIEL.

[i] « Littératie numérique », Centre de documentation sur l’éducation des adultes et la condition féminine, https://cdeacf.ca/dossier/litteratie-numerique

[ii] Belshaw, Doug. The Essential Elements of Digital Literacies. Doug Belshaw, 2014.

[iii] “Tackling Mental Health with Digital Literacy” Conference, National Association for Media Literacy Education, https://www.youtube.com/watch?v=VtWj6UUexYk

[iv] “The Complicated Truth About Social Media and Body Image”, BBC, https://www.bbc.com/future/article/20190311-how-social-media-affects-body-image

[v] « Principes fondamentaux de la littératie aux médias numériques », Habilo médias, https://habilomedias.ca/litt%C3%A9ratie-num%C3%A9rique-et-%C3%A9ducation-aux-m%C3%A9dias/informations-g%C3%A9n%C3%A9rales/principes-fondamentaux-de-la-llitt%C3%A9ratie-aux-m%C3%A9dias-num%C3%A9riques

[vi] « Qu’est-ce que l’autodéfense numérique ? », https://leciel.ca/