La COVID qui voulait voler Noël

 As-tu vu la conférence de presse? Noël est annulé!

C’est le courriel qui m’attendait sur mon ordinateur, alors que des milliers de variantes de ce message se partageaient simultanément, un peu partout dans la province.

Choc, déception, frustration, colère se répandaient comme une bourrasque de poudreuse en pleine tempête. Après l’espoir de quelques célébrations « normales », certains avaient le sentiment d’avoir été floués. D’autres avaient l’impression que tous les sacrifices et efforts qu’ils avaient faits dans les derniers mois n’avaient finalement servi à rien. Finalement, d’autres mentionnaient ouvertement leur intention d’aller à l’encontre des règles et de célébrer les fêtes avec leurs proches, comme ils avaient prévu le faire avant l’annonce du 3 décembre.

Dans des moments comme ceux-là, il peut être tentant de simplement faire taire ces voix exprimant « la moitié vide » du verre, d’ignorer complètement les sentiments plus sombres pour tourner la tête vers le « bon côté des choses ». Mais parfois, il peut être nécessaire de regarder la partie manquante du verre avant de pouvoir se rappeler de quoi il est toujours rempli.

Comme les premiers flocons de neige qui annonceront un Noël blanc, que nous attendons impatiemment chaque année, les célébrations traditionnelles du temps des fêtes sont une occasion pour la plupart d’entre nous de profiter d’un temps d’arrêt et de partager ce dernier avec la présence de nos proches. Après des mois de confinement et de restrictions, notre famille et nos amis nous manquent. Il est tout à fait normal de ressentir de la déception à l’idée que les fêtes en dehors de notre bulle résidentielle ne seront pas possibles. Comme lorsqu’on vit n’importe quel autre type de deuil, il est sain d’identifier et reconnaître ce qui génère l’émotion ressentie : le lien fort qui nous unit à nos proches, l’occasion de vivre quelques soirées spéciales hors de chez soi et hors de la routine, l’attachement aux traditions et aux rituels, un moyen de reconnecter avec notre cœur d’enfant, etc.

Comme dans la célèbre histoire du Dr Seuss, l’isolement et l’amertume s’infiltrent facilement en nous. Cela fut le cas pour le Grincheux, le transformant en créature pleine de hargne. Et comme dans tout bon film de Noël, un miracle survient pour lui permettre de finalement reconnecter avec les autres, et retrouver la paix. Ce miracle, c’est la jeune Cindy-Lou qui l’incarne. Qu’a-t-elle à nous apprendre sur notre propre finale heureuse de l’histoire? Peut-être que le réel bonheur de Noël ne se limite pas à une dinde, des cadeaux et des réunions familiales? Et que le verre, même s’il est à moitié vide, ne l’est pas complètement.

Les derniers mois nous ont épuisés, mais ont aussi affuté notre créativité. Nous avons pris conscience de notre résilience individuelle et collective, et c’est dans cette même ressource que nous irons encore une fois puiser.

Vous avez maintenant l’avantage de connaître les outils :

• activités réconfortantes (un bon livre et un café dégusté lentement, le matin de Noël)
• gâteries spéciales (un réveillon fêté au salon, sous une cabane de couvertures?)
• retour aux sources (recette de dinde familiale et film de notre enfance)
• coup de pouce des technologies (trinquer et déballer les cadeaux sur Zoom, des quatre coins du Québec ou même du monde)

Quant à moi, vous me trouverez dans ma plus belle robe le soir du réveillon, même si je ne quitterai pas la maison. Dans les jours à venir, je cuisinerai de la marmelade d’orange que je distribuerai à ma famille et mes amis par la poste. Et le soir de Noël, je verserai certainement quelques larmes, bien emmitouflée devant La mélodie du bonheur.

Et vous, comment allez-vous égayer ce Noël différent?

 

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Images: Ronny Overhate et Pixaline sur Pixabay