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Santé mentale des femmes : la charge mentale de la famille toujours au cœur des préoccupations  

Julie occupe un poste à haute responsabilité dans une société d’État. Après plusieurs mois à enchaîner les heures supplémentaires, en plus de gérer les horaires de ses deux adolescents et la vie de famille, elle ressent une profonde fatigue. Elle n’a plus de temps pour elle et n’arrive plus à suivre ses dossiers. Plus rien ne semble lui procurer de plaisir. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle a pourtant tout ce dont elle rêvait, tout ce vers quoi on l’a toujours encouragée à tendre : une carrière fructueuse, des enfants en santé et une vie sociale bien remplie.   

Depuis des décennies, les femmes luttent pour se sortir des carcans de la maison et pour avoir accès aux mêmes opportunités que les hommes. Toutefois, malgré plusieurs avancées, notamment sur le plan de la participation sociale et professionnelle, les femmes continuent de vivre des discriminations qui minent leur équilibre psychologique. Les recherches montrent que les femmes sont plus susceptibles de souffrir de certains troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété et les troubles de l’alimentation1. Plusieurs facteurs tels que la pression sociale et les normes de genre restrictives, les inégalités économiques, la stigmatisation et les discriminations de santé peuvent être en cause.  


Julie fait partie des nombreuses Canadiennes qui rapportent une fatigue extrême due au rythme effréné de la vie contemporaine et aux responsabilités qui lui sont associées2.  Tout comme Julie, beaucoup de femmes se retrouvent aujourd’hui à devoir jongler avec leur vie professionnelle et le soin de jeunes enfants, voire de parents vieillissants. Parmi les normes sociales de genre qui continuent d’exercer une pression sur la santé mentale des femmes, le domaine du soin ou le care occupe une place importante. Bien que les femmes aient de plus en plus leur place dans le milieu professionnel, le soin et la gestion de la maison sont encore perçus comme des activités féminines. Or, la pression pour réussir dans les domaines domestiques et professionnels simultanément peut entraîner un stress chronique, un épuisement professionnel et une culpabilité chez les femmes si celles-ci sentent qu’elles ne parviennent pas à répondre aux attentes des deux côtés. 

Ces conditions sont le produit de politiques néolibérales mises en place depuis les années 1970 qui favorisent la privatisation de l’économie et l’effort individuel. Même si ces conditions affectent tout le monde, elles sont particulièrement néfastes pour la santé mentale des femmes, qui doivent compenser pour le manque de ressources sociales (garde des enfants, congés de maternité, etc.). L’exemple de Julie illustre bien que lorsqu’on manque de temps pour soi, on en vient à perdre son équilibre mental et il devient plus difficile de jouir de la vie et de s’occuper de ses propres soins de base.  

Source : esteecwilliams

« La copine au foyer »

Ne nous étonnons pas de voir revenir en popularité le modèle de la femme au foyer, notamment à travers des tendances TikTok comme « la copine au foyer », les « TradWives » (femmes traditionnelles), ou encore, les « mères au foyer », de courtes vidéos dans lesquelles des jeunes femmes, en général blanches et dans la vingtaine, montrent une version idéalisée de leur quotidien à la maison. Même s’il est tout à fait respectable de faire ce choix de vie, ces tendances présentent encore une fois le travail du care ou prendre soin comme étant la vocation naturelle des femmes.  

  

L’épuisement de Julie le démontre pourtant : nous avons besoin d’une participation égale dans les tâches ménagères et la gestion de la famille. Au Canada, bien que 68 % de la population rapporte être satisfaite de la répartition des tâches ménagères, les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de vivre une insatisfaction3. D’ailleurs, ce ne sont pas toutes les femmes qui ont le privilège de choisir ou non de rester à la maison. Il s’agit en effet d’une forme de travail qui bénéficie souvent plus aux hommes qui peuvent alors évoluer dans leur carrière et augmenter leur capital financier. Dans certaines communautés ou classes sociales, les femmes sont encore assignées au rôle de femme au foyer et à la pression d’élever des enfants. Celles-ci sont souvent confrontées à des jugements sociaux sur leur capacité à être de « bonnes » mères. Elles peuvent ressentir la pression écrasante d’être des mères parfaites, ce qui peut entraîner de l’anxiété, de la dépression et une faible estime de soi. Rappelons que plusieurs se sentent incapables de répondre à ces attentes irréalistes. 

En somme, la pression sociale exercée sur les femmes en matière de conformité aux normes de genre et de réussite professionnelle et familiale, peut avoir un impact négatif sur leur bien-être psychologique et émotionnel. Il est important de reconnaître ces pressions et de s’engager individuellement et collectivement à créer des environnements plus inclusifs et favorables à la santé mentale des femmes, par exemple, en sensibilisant la population à la charge mentale du soin et à une meilleure répartition de la gestion de la famille et de la maisonnée. En mettant en lumière les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées en matière de santé mentale, on contribue à promouvoir l’équité et l’inclusion dans le domaine de la santé. Cela aide à créer des environnements plus inclusifs et à fournir des services adaptés aux besoins des femmes. 

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