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Comme un fil entre nous

Veux-tu qu’on aille prendre un café?

En lisant ces mots sur l’écran, Yves a d’abord été surpris.

T’es pas un peu loin pour un café? Sherbrooke c’est pas à la porte!

qu’il avait répondu à Philippe par messagerie instantanée.

Mais non pas en personne, un café sur Zoom! Ahah

lui répondit Philippe.


Yves hésita. Il avait toujours apprécié Philippe. Mais il n’était pas certain de l’idée. Un café virtuel… ça risque d’être un peu étrange non? Pourtant ce n’était pas la première fois que les deux collègues avaient des rencontres ensemble, seulement cette fois-ci le rendez-vous ne semblait pas destiné à discuter d’un dossier en particulier. On aurait dit que Philippe lui proposait simplement de…jaser.

Jaser, Yves faisait ça avec sa femme. Et avec ses amis, parfois. Mais c’est vrai que depuis que Lisette était malade, il évitait de l’ennuyer avec ses problèmes, comme il disait. Et ses amis… ils s’étaient un peu éloignés récemment. Pas à cause d’une chicane non, juste par la force des choses. Les obligations, les horaires chargés… tout d’un coup on se rend compte que ça fait des mois qu’on n’a pas décroché le téléphone pour les appeler.

Les choses avaient aussi été assez stressantes au boulot récemment, mais Yves avait tendance à garder ça pour lui. En temps normal, alors que ses journées de travail se déroulaient au bureau, Yves se serait permis quelques minutes de pause pour se lever de sa chaise, se dégourdir les jambes, aller se chercher un café et socialiser un peu. Mais seul dans son espace de travail à la maison, avec les courriels qui s’empilaient les uns sur les autres dans sa boîte de messagerie, on aurait dit qu’il avait du mal à se donner le droit de prendre une pause. C’était peut-être une bonne chose, en fait, cette invitation de Philippe. Ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas parlé de tout et de rien avec ses collègues!

Après avoir rempli sa tasse à la cuisine, ajouté un peu de lait et de sucre, Yves répondit à Philippe par la positive. Quelques minutes plus tard, une invitation clignotait à l’écran. Yves prit une bonne respiration avant d’ouvrir le lien.

Salut Yves! Comment ça va chez vous?

Ça va, ça va, la routine. On fait ce qu’on peut, hein! Et toi?

Bof, ici on a pas mal de broue dans le toupet, j’imagine que ça doit être la même chose de ton côté. D’ailleurs je trouvais que t’avais l’air un peu fatigué lundi pendant la réunion. Est-ce que tout est correct avec Lisette?

Oui, tu sais comment c’est, hein, c’est la même affaire là… mais c’est correct, faut pas s’en faire avec ça… Non. Ça va pas, je trouve ça vraiment difficile. Je m’inquiète pour elle. Pis je m’ennuie de vous autres au bureau, ça me faisait du bien de sortir un peu de la maison des fois avant.

Je comprends. Tu sais, tu peux toujours me parler. Sois-pas gêné.

Merci ça fait du bien à entendre. On dirait que j’osais pas, mais en fait j’aurais comme le goût de parler.

On ne veut pas déranger, on n’a rien de nouveau à raconter, ça va bien aller ou ça va passer; autant de raisons amplifient notre sentiment d’isolement, et ce, même avant la pandémie. Se demander comment ça va? est une norme sociale. Répondre pour vrai à cette question est moins naturel. Alors que le poids de la solitude se fait sentir pour beaucoup d’entre nous, gardons en tête que de s’engager dans des interactions honnêtes a le potentiel de nous rapprocher. Tisser des liens sociaux significatifs, ça fait du bien… à tout le monde.


Sources :

https://cmha.ca/fr/news/la-distanciation-sociale-une-erreur-dappellation

https://cmha.ca/fr/news/les-canadiennes-et-canadiens-sont-inquiets-et-ont-un-profond-desir-de-tisser-de-veritables-liens-mais-affirment-pourtant-aller-bien

https://mentalhealthweek.ca/fr/7%e2%80%affacons-de-parlerpourvrai-de-ce-que-lon-ressent/

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