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Évaluation des conséquences de la COVID-19 sur la santé mentale – 3e tour

3 mai 2021 – Au Canada, la pandémie a des effets néfastes sur les émotions de la population puisque, en raison de la pandémie de COVID-19, 77 % des adultes affirment ressentir des émotions qu’on qualifie de négatives. Aux quatre coins du pays, les cinq réponses les plus communes sont « inquiétude ou anxiété », « ennui », « stress », « solitude ou isolement » et « tristesse ». Ces données, tirées du troisième tour de l’enquête nationale Évaluation des conséquences de la COVID-19 sur la santé mentale, sont publiées aujourd’hui par l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) et des chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) pour marquer le 70e anniversaire de la Semaine de la santé mentale de l’ACSM.

« Même s’il est décourageant de savoir qu’autant de Canadiens sont aussi ébranlés, les émotions désagréables peuvent en fait constituer une réaction appropriée à un événement majeur comme une pandémie mondiale », dit Margaret Eaton, Cheffe de la direction nationale de l’ACSM. « C’est un signe de bonne santé mentale lorsqu’une personne peut éprouver une gamme d’émotions, les reconnaître, les comprendre et être en mesure de les gérer, et ce, même si la tâche peut être pénible. Notre capacité à créer un lien émotionnel est aussi une manière pour nous de trouver du soutien et du réconfort auprès des autres personnes dans notre vie. »

Les émotions représentent notre état mental. Elles émergent en réponse à des événements ou des expériences de vie et elles peuvent entraîner des changements dans notre corps et nos comportements. Nous vivons certaines émotions de façon positive, notamment la quiétude, l’espoir ou le sentiment de sécurité, alors que d’autres émotions, comme l’anxiété, la tristesse, la colère et le désespoir, représentent plutôt un défi. Nos réactions émotionnelles aux événements d’importance, comme la pandémie de COVID-19, représentent et contribuent à notre état général de santé mentale.

« Une bonne santé mentale ne veut pas dire filer le parfait bonheur tout le temps, mais bien d’avoir des réactions émotionnelles et comportementales appropriées aux sources de stress et aux événements de la vie », indique la chercheuse en chef Emily Jenkins, professeure en soins infirmiers à l’UBC qui étudie la santé mentale et la consommation de substances. « La pandémie a causé des pertes importantes, dont celles de certains proches, de nos liens avec les autres et du sentiment de sécurité. Cela peut susciter des émotions très difficiles qui doivent être reconnues et comprises. Si, durant l’enfance, on vous a dit que les émotions ne sont pas les bienvenues ou qu’elles n’ont pas d’importance, il se peut que vous ayez appris à les cacher dès votre jeune âge. Dissimuler ou refouler vos émotions peut vous empêcher de communiquer avec les personnes qui font partie de votre vie et de faire preuve d’empathie face aux épreuves que traversent vos proches. Il est très important d’exprimer nos sentiments normaux comme la tristesse, la peur et l’inquiétude en cette période inhabituelle marquée par le stress, l’incertitude et le deuil. »

Les études démontrent que mettre des mots sur les émotions négatives interrompt ou réduit l’activité de l’amygdale, la partie du cerveau qui guide les réactions au stress et à la peur. La capacité de nommer spécifiquement les émotions ressenties augmente l’activité dans les régions préfrontale et temporale du cerveau. En fait, nommer nos émotions peut nous aider à les apaiser et à comprendre ce que nous traversons.[1]

Toutefois, il est important de reconnaître le moment où un sentiment anxieux devient une préoccupation plus sérieuse. Se sentir nerveux n’équivaut pas à avoir un trouble de l’anxiété diagnostiqué, mais nos émotions peuvent nous donner des indices quant à notre état réel. En effet, les personnes qui éprouvent les émotions les plus difficiles en lien avec la pandémie sont aussi les plus susceptibles de voir leur santé mentale décliner et des pensées suicidaires apparaître.

« Si des émotions comme de l’inquiétude, de la colère, de la tristesse ou du désespoir vous submergent et persistent sur une longue période, il est temps d’aller chercher de l’aide », dit Anne Gadermann, coresponsable de la recherche et professeure à la School of Population and Public Health, l’École de santé publique de l’UBC. « Ou, si vos émotions difficiles vous empêchent de fonctionner normalement dans votre quotidien, si elles perturbent vos relations, votre capacité à travailler ou à apprécier la vie, ou si elles vous amènent à dépendre de substances pour vous en sortir. Si vous avez des pensées suicidaires, vous devriez aller chercher de l’aide professionnelle pour votre santé mentale. »

Les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur le taux de suicide dans notre société sont complexes. Toutefois, le taux de pensées et d’envies suicidaires dans la population générale demeure élevé. Il se situe à 8 %, alors qu’il était à 6 % au printemps 2020. C’est un taux considérablement plus élevé que le taux de 2,5 % observé avant la pandémie, en 2016.

Dans l’ensemble, une grande partie de la population canadienne (41 %) a observé un déclin de sa santé mentale depuis le début de la pandémie. La bonne nouvelle, c’est que la plupart des Canadiens (79 %) affirment qu’ils s’adaptent assez bien au stress de la pandémie en utilisant des stratégies comme la marche et l’activité physique à l’extérieur (51 %), les communications virtuelles avec la famille et les amis (43 %), le maintien de saines habitudes de vie (40 %), le fait de rester informés (38 %) et la pratique d’un passe-temps (37 %).

Les Canadiens indiquent également que le temps qu’ils passent devant un écran a augmenté (57 %), qu’ils consomment plus de nourriture (28 %), qu’ils achètent plus d’articles en ligne dont ils n’ont pas besoin (18 %) et qu’ils consomment plus de substances, comme des drogues et de l’alcool, pour composer avec la pandémie de COVID-19 (13 %).

À propos des données

L’enquête a été réalisée par Maru/Matchbox vers la fin janvier 2021. Un échantillon représentatif de 3 037 personnes âgées de 18 et plus et résidant au Canada y a participé. Il s’agit du troisième tour d’une enquête nationale qui concorde aussi avec le travail mené par la Mental Health Foundation du Royaume-Uni. Pour accéder au résumé complet des conclusions, veuillez cliquer ici.

[1] https://www.psychologicalscience.org/news/releases/that-giant-tarantula-is-terrifying-but-ill-touch-it-expressing-your-emotions-can-reduce-fear.html

 

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