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Avoir le droit d’être malheureux

Depuis qu’il n’est plus avec sa blonde, Frédéric a le moral un peu bas. Des fois il passe de belles journées, mais c’est comme si le nuage gris n’était jamais loin. Il y a tellement de choses qui lui rappellent Jacynthe, à commencer par leur appartement où il habite encore. Ce n’est pas seulement son ex qui lui manque, mais les projets qu’ils avaient ensemble, comme celui d’aller en Argentine l’été prochain, ou celui de s’acheter un condo une fois qu’ils auraient mis assez d’argent de côté.

T’as 28 ans, t’as encore en masse de temps devant toi!

lui disent ses parents pour essayer de le rassurer.

Moi j’arrête pas de me chicaner avec Laurie ces temps-ci, tu manques rien, oublie pas que c’est du trouble être en couple!

que lui dit son frère.

De quoi tu te plains? T’es libre! Prends ma parole de femme mariée, y’a des jours je donnerais n’importe quoi pour redevenir célibataire, faire ce que je veux quand je veux, rencontrer plein de nouveau monde.

lui dit sa meilleure amie.

T’as une job, t’as la santé, t’as de l’argent, qu’est-ce que tu veux de plus? Pense à ceux qui sont dans le trouble, dans la misère, ils ont pas le temps de se créer des problèmes. Commence donc par apprécier ce que tu as!

lui a même dit un collègue un peu exaspéré.

À force d’entendre ses proches lui dire qu’il s’en fait pour rien et qu’il était même un peu ingrat de se plaindre la bouche pleine, il a commencé à y croire lui aussi. Quand il sent la tristesse monter en lui, il essaie de l’ignorer, et parfois se dit qu’il n’est qu’un égoïste de passer autant de temps à se concentrer sur sa rupture. Après tout, il y a en plein des gens qui ont des problèmes, et ils ne font pas que se plaindre tout le temps! Ils continuent à aller travailler, eux!

Pourtant, ça ne semble pas du tout l’apaiser. Au contraire, en plus de se sentir triste, il se sent maintenant coupable. Et comme le fameux éléphant rose auquel il ne faut pas penser, tous les efforts qu’il met à ignorer sa peine ne lui font que… penser encore plus à sa rupture.

Et puis une bonne journée, en se promenant sur les réseaux sociaux, il voit apparaitre une publication toute simple. Sur un carré de couleur, une phrase: Tu as le droit de ne pas te sentir bien. Une phrase banale en apparence, mais qui le frappe instantanément en plein visage. Pour la première fois, au lieu d’essayer de lui remonter artificiellement le moral, quelqu’un (un inconnu, en plus!) accueille sa tristesse, lui dit qu’elle est normale et légitime.

À partir de ce moment-là, Frédéric a commencé à traiter ses émotions différemment, pas comme un ennemi à combattre, mais plutôt comme quelque chose de passage, à accueillir un certain temps, d’ici à ce que le temps fasse son œuvre et que la tristesse poursuive son chemin.

Tout le monde ne réagit pas de la même manière face à un problème similaire. C’est normal. Mais lorsqu’on vit des ‘émotions négatives’, un réflexe commun est de les fuir ou de les contrôler. Pourtant, chaque émotion a sa raison d’être. Elles nous apprennent quelque chose sur nous-mêmes; nos attentes, nos valeurs, nos besoins, etc. Garde en tête qu’en se donnant le droit d’accueillir ses émotions comme elles se présentent et de les nommer pour vrai, ça devient plus facile de s’adapter à la situation qu’on vit. Essaie-le, tu as le droit!


Sources :

https://hbr.org/2020/11/its-okay-to-not-be-okay

https://acsmmontreal.qc.ca/news/savez-vous-faire-pousser-la-resilience/

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