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Lettre ouverte : En santé mentale, les mots comptent

MONTRÉAL (QUÉBEC), le 15 mars 2023 — L’Association canadienne pour la santé mentale Filiale de Montréal déplore les propos du ministre de la Sécurité publique François Bonnardel à l’égard des personnes vivant des défis de santé mentale suivant l’événement tragique survenu le 13 mars à Amqui. Ces paroles perpétuent une conception trompeuse de la santé mentale et encouragent la stigmatisation de la maladie mentale.  

Poursuivant notre mission d’éducation et de sensibilisation, nous proposons de revenir sur certains termes employés et certaines mesures proposées par le ministre afin d’apporter un éclairage sur l’impact des mots. Nous jugeons primordial que des modifications soient apportées, une bonne fois pour toutes, au vocabulaire employé par les personnes en position de pouvoir 

On ne souffre pas de santé mentale, on a une santé mentale 

En entrevue à Tout un matin, sur la Première chaîne de Radio-Canada, le ministre Bonnardel a mal employé le terme santé mentale à plusieurs reprises. Il a notamment parlé de « cas de santé » mentale et de personnes « atteintes de santé mentale ». Ces appellations sont fausses. La santé mentale n’est pas un « cas », mais « un état de bien-être mental qui nous permet d’affronter les sources de stress de la vie, de réaliser notre potentiel, de bien apprendre et de bien travailler, et de contribuer à la vie de la communauté » (OMS, 2022). Visiblement, le ministre n’est pas informé des efforts réalisés depuis des années pour faire la promotion des compétences socioémotionnelles. Perpétuer une conception négative de la santé mentale est un frein à l’apprentissage de stratégies pour une santé mentale optimale. 

« Folie meurtrière », un terme hautement stigmatisant  

Toujours aux ondes de la Première chaîne, le ministre Bonnardel n’a cessé d’associer l’acte violent de l’accusé d’AMQUI à un « cas de folie meurtrière ». Or, le lien entre maladie mentale et violence est un mythe qui a été démenti par de nombreuses recherches scientifiques. Ce raccourci alimente les stéréotypes et la stigmatisation des personnes vivant avec un trouble de santé mentale. Réducteur, ce type de discours ne tient pas compte des multiples expériences des personnes concernées. Les défis de santé mentale sont variés et impactent le quotidien de chacun à différents degrés. Il est faux de croire qu’un trouble de santé mentale constitue nécessairement un danger à la population. En réalité, les défis de santé mentale impactent la majorité des Québécois. Au Canada, plus largement, 50 % de la population aura vécu avec une maladie mentale avant l’âge de 40 ans. Les personnes ayant un diagnostic font partie intégrante de la société. Elles méritent d’être nommées et traitées avec dignité et respect.  

Le soutien social plutôt que l’exclusion  

Ajoutant à ses derniers propos, le ministre a fait allusion à une mesure que nous jugeons draconienne, soit le retrait du permis de conduire aux personnes ayant un diagnostic. Cette mesure suggère qu’on ne peut s’épanouir psychologiquement en vivant avec une maladie mentale, voire qu’on est une menace pour les autres. Elle insinue que la maladie mentale justifie le retrait de droits acquis tels que le permis de conduire. Les personnes concernées font déjà face à de l’exclusion sociale, notamment sur le marché du travail et dans le réseau de la Santé et des Services sociaux.  Les dirigeants devraient encourager la demande d’aide et le soutien social plutôt que d’alimenter les divisions entre personnes avec et sans diagnostic. Cela passe d’abord et avant tout par l’emploi des bons mots, même lorsque ceux-ci sont dits sous l’effet des émotions. 

 


Pour écouter l’entrevue du ministre Bonnardel à Tout un matin : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/tout-un-matin/segments/entrevue/435824/sante-mentale-bonnardel-suspension-permis-conduire

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