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« L’amour » au temps de(s) solitude(s)?

Chaque année à pareille date, les marques d’affection en tous genres se font nombreuses sur les réseaux sociaux, pendant que des opinions et commentaires variés sont relayés par les médias. Entre les fanatiques de cette célébration et les critiques de son caractère axé sur la consommation, une chose est certaine : la Saint-Valentin semble susciter beaucoup de réactions opposées.

Pour de nombreuses personnes, le 14 février représente une journée dédiée à l’amour, où ce dernier devrait atteindre son paroxysme. Nous devenons témoins, parfois otages, de ses représentations magnifiées dans tous les recoins de la ville comme de l’internet (reportages télévisés, photos et messages publiés par nos amis, publicités omniprésentes nous rappelant d’acheter des cadeaux pour l’occasion, etc.). Malgré la tendance qui semble vouloir agrandir le cadre de l’amour romantique à un amour peut-être plus large et inclusif (amitié, amour filial et fraternel), la Saint-Valentin répand quand même l’image d’un idéal bien précis : celui de l’amour partagé avec un être cher, du lien qui nous unit à autrui.

La situation idéale

Cet idéal, comme le terme l’indique, ne correspond pourtant pas à la réalité de beaucoup d’individus. Et encore, même parmi ceux qui semblent être comblés d’avoir partagé cette journée avec l’élu de leur cœur, l’image projetée et parfois trompeuse. Comme de nombreuses critiques l’ont déjà formulé à l’égard des réseaux sociaux, les bribes d’information choisies pour publication ne sont souvent pas représentatives de l’ensemble.

Le fait d’être confronté à ce modèle difficile à atteindre (et parfois tout simplement inaccessible) peut donc agir comme une forme de pression sociale sur un grand nombre d’individus, impactant négativement leur santé mentale. En effet, il est important de se questionner : Comment se sentent les couples qui vivent une période difficile ou dont la relation n’est tout simplement pas un long fleuve tranquille, alors qu’on leur présente des images d’amoureux transis? À quel type de modèle positif et réaliste les couples composés de personnes appartenant à une minorité sexuelle ou visible peuvent-ils se référer? Comment les gens célibataires ou les personnes vivant seules en viennent-ils à percevoir leur situation et évaluer leur propre adéquation avec la norme? Quel type de pression les exigences et attentes pécuniaires associées à cette journée parfois onéreuse exercent-elles sur les personnes en situation de pauvreté?

Le poids de la « perfection »

Il va de soi que cette réflexion dépasse largement le cadre de la Saint-Valentin, mais concerne la manière dont certains idéaux insidieux peuvent créer un cadre de référence irréaliste et avoir des impacts sur les individus et leur santé mentale, voire leur causer de la détresse.

En effet, plusieurs domaines de la vie d’un individu peuvent avoir un impact sur sa santé mentale. C’est d’ailleurs ce qu’illustre le thème 2018 de la Semaine de sensibilisation à la santé sexuelle et génésique, « Entre le corps et l’esprit ». Ayant lieu actuellement, la mouture de cette année vise à illustrer « les intersections entre la santé mentale et la santé sexuelle ainsi que sur tous les liens complexes qui existent entre le bien-être sexuel et mental. »[1]. Ainsi, le fait que les individus vivent des réalités sexuelles et relationnelles variées (incluant par exemple le célibat ou le fait de vivre seul) et que celles-ci ne soient pas nécessairement représentées le jour de la Saint-Valentin peut créer un écart important entre la réalité vécue et l’image idéale perçue. C’est cette même discordance qui peut donner naissance au sentiment d’être inadéquat et affecter l’estime de soi, deux éléments importants dans l’équation qui forme la santé mentale d’une personne.

Décortiquer la solitude

Généralement accompagnée de « souffrir de… » et utilisée comme synonyme d’isolement social, la solitude est souvent représentée comme un état négatif et une forme de fatalité. Pourtant, la solitude est un sentiment, une interprétation d’une situation, qui n’est donc pas fondamentalement négative ou positive. La solitude peut être ressentie autant lorsqu’on est seuls ou entourés, et peut être perçue comme agréable ou souffrante, selon plusieurs facteurs (le fait qu’elle soit choisie ou subie, l’interprétation qu’on en fait, l’écart qu’elle crée ou non avec notre idéal, etc.). Lorsqu’on s’y attarde, elle peut en effet receler de bienfaits et de côtés positifs : elle offre du temps pour soi,  favorise le contact avec soi-même, permet de prendre ses propres décisions sans devoir négocier avec autrui, offre la liberté de pratiquer des activités individuelles qui nous sont chères, procure un contexte favorable à la connaissance de soi, à l’exercice de sa spiritualité, au développement de sa créativité ou de son inspiration, et la liste est encore longue!

Maintenant, que peut-on faire face à ce constat?

D’un point de vue individuel, on peut constater que favoriser la connaissance de soi est un moyen de contribuer à une santé mentale positive. En effet, en apprenant à connaître ce que l’on aime et désire, ainsi qu’en développant la capacité de voir les côtés plus positifs de ce sur quoi on a moins de contrôle, on contribue activement à notre propre bien-être en se réappropriant une forme de pouvoir d’agir. De plus, dans la foulée de la Saint-Valentin mais aussi tous les autres jours de l’année, il est important de valoriser et de faire collectivement la promotion d’une variété de modèles différents comme étant tous égaux les uns aux autres. L’important, pour favoriser une bonne santé mentale collective, n’est pas de promouvoir un idéal unique, mais de faire en sorte que chacun ait la liberté de faire des choix qui lui ressemblent et lui correspondent.

[1] http://www.srhweek.ca/fr/action-canada/un-avant-gout-de-la-semaine-ssg-2018/

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